Chine : le ralentissement s’amplifie

Réaction économique
Asie

Les données d’activité du mois de novembre montrent une poursuite du ralentissement en Chine.

Le rythme de croissance de l’industrie atteint ainsi un de ses niveaux les plus bas depuis la crise de 2008, et la consommation continue de décevoir, grevée par les ventes automobiles. Ces dernières retracent sensiblement depuis la fin des subventions à l’achat en décembre 2017. L’évolution des flux de financement, toujours baissière, n’incite pas à anticiper de stabilisation de la croissance, qui devrait donc continuer de ralentir sur les prochains mois en dépit des mesures de soutien annoncées par le gouvernement depuis l’été. Ces dernières restent en effet relativement mesurées, et ne remettent pas en cause la volonté politique de contrôler les canaux de financement non bancaires faisant peser des risques financiers sur l’activité. Cette volonté a été réaffirmée à l’issue de la conférence économique annuelle du gouvernement qui s’est tenue cette semaine. Nous conservons notre prudence vis-à-vis de l’économie chinoise.

« L’activité chinoise poursuit son ralentissement en novembre, l’industrie enregistrant un taux de croissance parmi les plus faibles depuis la crise de 2008 »

Marie Thibout

Chine : Production industrielle (GA%, volume)

 

La modération se poursuit sur le quatrième trimestre

« Les données d’activité ralentissent à nouveau en novembre »

Marie Thibout

Après un troisième trimestre modeste pour l’activité chinoise, les données du mois de novembre indiquent que le ralentissement devrait se prolonger sur le quatrième trimestre.

Chine : Ventes au détail (valeur, NCVS)

Après avoir évolué autour de 6% sur les derniers mois, la croissance annuelle de la production industrielle s’établit à 5,4% en novembre, soit un des rythmes de croissance les plus faibles depuis la crise de 2008. La production automobile, en baisse de plus de 3%, continue de pénaliser l’industrie dans son ensemble depuis que les subventions à l’achat pour les petites cylindrées se sont arrêtées en fin d’année dernière, entrainant une baisse des ventes automobiles. La production dans le secteur des télécommunications et de l’électronique pour l’instant enregistre une croissance relativement stable et encore dynamique, mais ce phénomène pourrait être amené à se modérer avec la mise en place des mesures tarifaires américaines sur un certain nombre de produits du secteur (circuits imprimés, disques durs, etc.), conduisant à un coup de frein des importations américaines de ce type de biens. A contrario, la production de machines est toujours dynamique, et les équipements de transports autres que les véhicules à moteur se reprennent sensiblement, après leur faiblesse sur la première partie de l’année. Les investissements en infrastructure commencent lentement à se remettre en place, en lien avec l’autorisation depuis l’été dernier d’accélérer l’émission d’obligations de gouvernements locaux pour financer ce type de projet. De fait, la croissance de l’investissement en infrastructure, bien que modeste (inférieure à 4%) se reprend quelque peu sur les deux derniers mois. Malgré cela et tout comme la production, l’investissement a vu sa croissance se modérer, en dessous de 8% sur le mois novembre.

 

Chine : Investissement, (valeur)

Les données concernant la consommation des ménages sont décevantes, la croissance des ventes au détail poursuivant son retrait, à 8,1%. Les ventes automobiles contribuent majoritairement à cet essoufflement, mais les ventes en dehors de cette composante montrent également quelques signes de modération, notamment en ce qui concerne les appareils de communication, tout comme les produits dérivés du pétrole, bien que ce dernier point soit à mettre sur le compte des baisses de prix de l’essence et du diesel mises en place début novembre (il s’agit donc d’un effet valeur). Les mesures annoncées par le gouvernement pour soutenir la consommation des ménages, entre autres les exemptions d’imposition sur le revenu pour les ménages gagnant moins de 5 000 yuans par mois (environ 600 euros) mises en place dès octobre ne semblent pas encore stimuler la demande. Toutefois, d’autres mesures n’entreront en vigueur qu’à partir de janvier prochain (déductions fiscales sur certaines dépenses de santé, d’éducation, de logement, etc.) et pourront apporter un soutien supplémentaire en début d’année prochaine.

Chine : nouveaux flux de financement de l'économie (Somme 12M, Mds Yuan)

 

Le contrôle des canaux de financement est toujours d’actualité

« Le retrait des flux de financement induit par le contrôle des canaux non bancaires est toujours à l’œuvre »

Marie Thibout

Sur le plan financier, l’évolution des nouveaux flux de financement en novembre ne montre pas d’inflexion du gouvernement vis-à-vis de la politique de répression des canaux de financement non bancaires (shadow banking), ces derniers continuant de se tarir. La croissance des crédits bancaires, malgré les mesures de la banque centrale pour encourager le financement des PME n’accélère pas : la croissance annuelle des nouveaux prêts poursuit sa décélération, à 7% en novembre. Dans ce contexte, les nouveaux flux de financement sur les onze premiers mois de l’année sont en baisse de plus de 14% en terme annuel. Ce phénomène ne milite donc toujours pas pour une stabilisation de l’activité à attendre sur le court terme.

À l’issue de la conférence économique du gouvernement qui s’est tenue cette semaine, pendant laquelle les orientations économiques pour l’année à venir sont discutées, de nouvelles baisses de taxes devraient être annoncées. Elle devraient vraisemblablement concerner les entreprises, au vu des déclarations politiques de l’été dernier. Ce phénomène ne remet pas en cause la volonté du gouvernement d’encourager le désendettement, volonté qui a été réaffirmée lors de la conférence, et en dépit du ralentissement actuel de l’économie.

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Rédigé par

Marie Thibout

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