Nouvelle-Zélande : la croissance rebondit
La croissance néozélandaise surprend à la hausse au T2 2018 et atteint 1,0 % sur le trimestre, un chiffre nettement supérieur aux attentes de la banque centrale.
L’activité apparaît principalement soutenue par le secteur des services ainsi que l’agriculture, qui représente près de 6,0 % de la valeur ajoutée du pays. En dépit de la chute continue des indicateurs de confiance, la production industrielle manufacturière et le secteur de la construction restent en territoire positif. En revanche l’investissement recule sur le trimestre, tiré à la baisse par l’investissement des entreprises. La consommation privée demeure un soutien important à l’activité mais apparaît fragile au regard du fort endettement des ménages néozélandais. Enfin, le déficit commercial se réduit sur le trimestre alors que les exportations progressent plus rapidement que les importations. En glissement annuel, la croissance accélère légèrement avec une progression de 2,8 % (contre 2,6 % le trimestre précédent) mais demeure en deçà de la moyenne des dernières années.
« Le secteur des services et l’agriculture constituent les principaux moteurs de l’économie néozélandaise au deuxième trimestre 2018 »
Le secteur des services et l’agriculture tirent l’économie
« Le secteur des services est le principal contributeur à la croissance »
Après un premier trimestre marqué par le ralentissement de l’économie, la croissance néozélandaise accélère significativement pour atteindre 1,0 % sur le trimestre, son plus haut niveau depuis 2016. La bonne performance de l’activité surprend à la hausse la banque centrale qui tablait en août sur une progression trimestrielle de 0,5 %. Sur l’année, la dynamique reste toutefois en légère modération à 2,8 % (contre une croissance annuelle moyenne de 3,5 % entre 2015 et 2017).
A l’exception de l’industrie extractive, l’ensemble des secteurs de l’économie néozélandaise progresse sur le trimestre. Le secteur des services apparaît toutefois comme le principal contributeur. Les secteurs des ventes au détail, du commerce de gros et du transport enregistrent tous trois des croissances comprises entre 1,5 % et 2 %. En dehors des services, le secteur de l’agriculture, perturbé par les intempéries climatiques les deux trimestres précédents, constitue l’autre moteur de la croissance du pays. En effet, le secteur de l’agriculture représente 6,0 % de la valeur ajoutée nationale, un poids significativement supérieur à la moyenne des pays développés (entre 1 et 1,5 % aux Etats-Unis et en Zone Euro).
L’industrie extractive se contracte nettement sur le trimestre (-20 %, son plus gros recul depuis 30 ans) en raison de la fermeture temporaire d’une raffinerie et d’un champ gazier. Cette baisse pénalise également l’industrie pétrochimique et plastique. Au total, l’industrie manufacturière progresse tout de même de 0,4 %, tirée à la hausse par l’industrie alimentaire. Sur l’année le secteur ralentit tendanciellement et affiche une croissance de 1,6 %. Enfin, le secteur de la construction, en recul le trimestre précédent, rebondit de 0,9 % sur le trimestre.
La production industrielle se maintient mais l’investissement recule
« La chute continue de la confiance des entreprises ne se matérialise pas dans la production industrielle »
En dépit de la chute de la confiance des entreprises, la dynamique du secteur manufacturier et du secteur de la construction reste positive. En effet, la confiance des entreprises s’est fortement dégradée à la suite des élections pour atteindre des plus-bas depuis 2009. Les entrepreneurs néozélandais, interrogés en juillet par la banque ANZ, se déclarent particulièrement préoccupés par la pénurie de travailleurs qualifiés et par les incertitudes vis-àvis de la régulation. Plusieurs éléments du programme gouvernemental sont sources d’inquiétudes : la hausse du salaire minimum (qui devrait progressivement augmenter pour atteindre 20NZ$ en 2021 contre 16,5NZ$ actuellement), les restrictions à l’immigration et enfin la restriction des investissements immobiliers des non-résidents (déjà mise en place au cours de l’été).
L’investissement recule de 0,1 % sur le trimestre, tiré à la baisse par l’investissement non résidentiel. Pour autant, la croissance annuelle de l’investissement reste élevée à 4,5 %. Bien qu’il soit difficile d’en évaluer les effets directs, la chute continue de la confiance des entreprises au cours du troisième trimestre pourrait finir par se matérialiser dans les données d’activité.
La consommation et les exportations soutiennent la croissance
« La consommation des ménages rebondit après un trimestre de stagnation »
Du côté des ménages, la consommation (60% du PIB) rebondit après un trimestre de stagnation. La dynamique des ventes au détail, bien que positive, apparaît toutefois en modération tandis que le bilan financier demeure préoccupant avec une dette élevée (166 % du revenu brut disponible) et un taux d’épargne négatif en 2017.
Enfin, le déficit commercial, exprimé en volume, se réduit sur le trimestre. Les exportations progressent plus rapidement que les importations (2,1 % contre 1,8 %), permettant ainsi au commerce de contribuer positivement à la croissance du pays.
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Pierre Bossuet
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