Union Européenne : Coup de froid sur la croissance

Réaction économique
Europe

Le 7 février dernier, la Commission Européenne rendait public ses traditionnelles révisions hivernales de son scénario économique global.

Au regard de la séquence séparant ses dernières prévisions d’automne, la Commission a décidé d’ajuster de manière significative ses prévisions de croissance 2019 à la baisse, de 1,9% à 1,3% pour la zone Euro dans son ensemble. L’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas connaissent les coupes les plus drastiques avec des prévisions abaissées de 1 point de pourcentage en Italie (de 1,2% en 2018 à 0,2% pour 2019), et de 0,7pp en Allemagne et aux PaysBas. La Commission justifie ces ajustements par l’observation d’un ralentissement plus marqué qu’anticipé sur la deuxième partie de l’année 2018 et d’un momentum d’activité qui resterait faible sur le début d’année, au regard des premiers signaux observés dans les indicateurs de confiance des agents économiques européens. L’un des grands marqueurs de ces prévisions de croissance demeure un niveau particulièrement élevé d’incertitude (tensions commerciales, ralentissement de l’économie chinoise, Brexit, vulnérabilité de certains pays émergents) qui pourrait, si elle venait à persister durablement, conduire à une nouvelle révision de ces perspectives en 2019.

« La Commission Européenne a décidé d’ajuster de manière significative ses prévisions de croissance 2019 à la baisse.. »

Frédéric Kleiss

Prévisions Economiques de la Commission Européenne Révisions hivernales des perspectives de croissance 2019 et 2020 (en pts de %)

 

Ajustement significatif à la baisse des prévisions de croissance

« Ces révisions de la CE donnent un aperçu de la séquence de révision des scénarii des différentes institutions internationales à venir »

Frédéric Kleiss

L’abaissement des prévisions de croissance de la Commission Européenne (CE) pour la quasi-totalité des pays membres de l’UE s’explique dans un premier temps par la dynamique d’activité du second semestre 2018 qui s’est avérée, à bien des égards, décevante. La CE estime que cet affaiblissement plus prononcé de l’activité est lié d’une part à un effacement du soutien de l’environnement extérieur (incertitudes sur les politiques commerciales, déclin global de l’activité industrielle), facteur qui a particulièrement pénalisé la zone Euro de par l’orientation géographique des flux commerciaux et de sa spécialisation produit. D’autre part, des facteurs domestiques spécifiques ont aussi été à l’œuvre sur la période : perturbations de la production d’automobile sur le T3, tensions sociales et incertitude fiscale dans certains pays membres de l’Union Européenne.

Mais l’ajustement des prévisions de croissance 2019 intègre également une persistance, non anticipée dans les dernières perspectives d’automne, de ces effets contraignants pour la croissance sur la première partie de l’année 2019. Les premières indications observables dans les indicateurs avancés d’activité traduisent en effet le maintien d’un environnement peu propice au rebond de l’activité à court terme, et ce malgré certains fondamentaux restant, aux yeux de la CE, plutôt solides. Les conditions du marché du travail s’améliorent, les coûts de financement sont faibles, et la position des politiques budgétaires pourrait permettre une poursuite de la phase d’expansion actuelle, mais sur un rythme plus modéré.

Au regard des pays enregistrant les plus forts ajustements, le cas de l’Italie est le plus marquant. Au-delà des facteurs contraignant les perspectives de la demande extérieure, pesant également sur l’Allemagne et les Pays-Bas, la CE estime que l’activité domestique italienne est pénalisée par une hausse importante de l’incertitude, liée à son environnement politique interne et à l’augmentation des coûts de financement en résultant, qui affecte particulièrement l’investissement dans le pays.

Cette révision par la CE des prévisions de croissance de la Zone Euro donne également un aperçu de la séquence de révision des scénarii des différentes institutions internationales à laquelle nous allons assister dans les prochains mois, avec en premier lieu celui de la Banque Centrale Européenne en mars prochain, puis le FMI en avril. Il est ainsi fort probable que l’intégration des déceptions observées en fin d’année 2018 et les récentes évolutions des données d’activité conduisent naturellement à un ajustement significatif des prévisions de ces organismes.

Tableau 1 : Prévisions de croissance de la Commission EuropéenneZone Euro : Prévisions de croissance du PIB pour 2019

 

Révision des perspectives d’inflation

« Les perspectives de moindre dynamisme de la demande affectent à la baisse la prévision d’inflation 2019 »

Frédéric Kleiss

A l’instar des perspectives de croissance, les perspectives d’inflation ont été également ajustées de manière conséquente pour l’année 2019. Encore anticipée à 1,8% en octobre pour l’année 2019, la prévision de la Commission Européenne s’établit désormais à 1,4%. Cette révision apparaît en phase avec les ajustements de croissance détaillés ci avant et donne la aussi un ordre de grandeur des ajustements que pourraient dévoiler la Banque Centrale Européenne lors de sa prochaine réunion prévue en mars.

Ces perspectives, bien que déjà sensiblement ajustées, s’appuient sur l’anticipation que les incertitudes actuelles et les facteurs contraignants domestiques temporaires disparaissent progressivement au cours de l’année. En cas de maintien d’un haut degré d’incertitude ou de la matérialisation de certains risques, il est probable que ces prévisions soient de nouveau ajustées à la baisse lors de la publication des prévisions du printemps, en mai prochain.

Inflation Zone Euro : Evolution des perspectives d'inflation pour 2019

 

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Rédigé par

Frédéric Kleiss

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