Edito - Octobre 2020
Ultracrépidarianisme*, un mot rare pour un travers bien présent.
Les combats sur le territoire du Haut-Karabakh rappellent que le monde, tout occupé à traiter au mieux les effets du Coronavirus, demeure sujet aux enjeux géostratégiques. Au-delà de l’affrontement entre séparatistes arméniens chrétiens et l’armée d’Azerbaïdjan on se souviendra que cette enclave montagneuse du Caucase du sud est traversée par de nombreuses infrastructures de transport de gaz et de pétrole. Cet été, la Turquie et l’Azerbaïdjan (« une seule Nation, deux États » comme ils se décrivent mutuellement) avaient mené des manœuvres militaires conjointes dont celles de la Russie et de l’Arménie font écho dans le cadre des exercices russes « Caucase 2020 » de septembre. Or, ce conflit, gelé depuis quelques années, pourrait se transformer en un affrontement régional plus vaste, sur fond de lutte d’influence pour maintenir l’endiguement de l’Iran.
« Dans le même temps, les économies ralentissent au gré des décisions des États. Et les mesures sanitaires préventives risquent de mettre, par endroit, des pays en dépression et sacrifier de jeunes générations. »
Certes, on notera que les exécutifs assument des dépenses publiques hors norme afin de briser les chaînes de transmission. Mais on ne se félicitera pas que la prévention de groupe obère la possibilité que chacun contribue par sa responsabilité isolée à ne pas paralyser les territoires ni alourdir la faillite économique par l’ajout d’une distanciation croissante… des niveaux de patrimoine. Une occasion manquée, pour chacun, de concourir avec responsabilité à une certaine quête de souveraineté par son action libre et individuelle.
Car une étrange synthèse s’est affirmée chez les décideurs politiques ; puisque nos pays ne supporteraient pas une surmortalité épidémique, le choix est fait de figer nos organisations « quoi qu’il en coûte », quitte à « administrer » provisoirement les effets sans précédent de cette paralysie organisée (prêts garantis, chômage partiel, accès aux fonds de solidarité, plans de soutien sectoriel). Or, il faudra bien sortir de cet état de sidération. Le virus n’est pas plus une chance qu’une opportunité pour repenser le modèle mondial du vivre ensemble. Il n’y aura pas plus de perdants qu’il n’y aura de gagnants, mais des survivants que les investisseurs avisés auront à accompagner dans un monde très affaibli !
*Caractérise le comportement de celui qui donne son avis sur des sujets à propos desquels il n’a pas de compétence
Rédigé par
Francis Jaisson
Directeur général délégué en charge de l'ensemble des Gestions, de la Commercialisation, de la Négociation et de l'ensemble des Recherches.
Le 21 octobre 2020
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