Environnement économique d'août 2019
Retrouvez notre analyse mensuelle de l'environnement économique des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
EN BREF
Après quelques semaines d’accalmie, l’escalade tarifaire a repris en août entre les Etats-Unis et la Chine, chaque pays annonçant de nouvelles hausses de droits de douanes sur des biens jusqu’alors épargnés. Ce nouvel épisode de tensions touche également la question du taux de change et renforce les incertitudes pour l’économie mondiale. En Europe, l’instabilité politique a refait surface avec la chute en Italie du gouvernement de coalition entre la Ligue et le mouvement 5 étoiles, tandis qu’au Royaume-Uni la position du nouveau Premier Ministre Boris Johnson fait craindre une sortie de l’UE sans accord. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de -1% contre dollar et termine le mois à 1,104 dollar pour un euro. Le prix du baril de Brent se replie de -7,3% à 60,4 dollars.
Aux Etats-Unis, les tensions commerciales sont revenues sur le devant de la scène dès le début du mois suite à l’annonce par le Président Trump d’une nouvelle série de hausses tarifaires réparties entre le 1er septembre et le 15 décembre. La Chine a réagi dans un premier temps en laissant sa devise se déprécier au-delà du seuil de 7 yuans par dollar, puis en imposant de nouveaux droits de douanes de 5 à 10% sur 75 Mds$ de biens en provenance des Etats-Unis. Cette nouvelle dégradation des relations laisse peu de place à l’espoir d’un accord commercial à court terme entre les deux pays et renforce les risques qui pèsent sur la croissance mondiale. Le président de la Fed Jerome Powell a souligné ces développements lors de son discours à Jackson Hole et insisté sur la montée des risques depuis la réunion du 31 juillet, ce qui suggère qu’une nouvelle baisse de taux directeur pourrait intervenir lors de la réunion du 18 septembre. Sur le plan des données économiques, la production industrielle affiche une croissance faible de 0,5% en rythme annuel en juillet, confirmant les signaux de ralentissement émanant des indicateurs d’enquête. Dans les services, l’indice PMI est passé de 53 à 50,9 en août. Ce niveau signale une croissance modeste de l’activité et renforce notre vigilance quant à une diffusion du ralentissement au-delà du secteur industriel. Du côté des ménages, la consommation est restée dynamique en juillet, portée par la bonne tenue des salaires et un marché du travail toujours tendu.
En zone euro, la croissance a de nouveau ralenti au second trimestre, avec une hausse du Produit Intérieur Brut de seulement 0,2% sur la période. Cette faible dynamique reflète à la fois la contraction de l’activité observée en Allemagne (-0,1%), l’atonie persistante de la croissance en Italie (0%), ainsi que le ralentissement plus global de l’activité dans les pays de la zone, en France, en Autriche, en Belgique (0,2%) et en Espagne (0,5%). Sur 12 mois, la dynamique d’activité de la zone dans son ensemble est proche désormais de 1% de croissance. Les indicateurs d’enquête ne permettent pas d’envisager une amélioration à court terme. Le PMI Manufacturier, bien qu’en légère hausse, demeure en territoire de contraction à 47 en Zone euro avec une faiblesse toujours très marquée en Allemagne (43,6). Concernant la politique monétaire, le compte rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la BCE a confirmé le ton plus accommodant adopté lors de ses dernières communications, et laisse entrevoir de possibles actions d’assouplissement monétaire à court terme. Sur le plan politique, le risque d’instabilité a resurgi en Italie avec la démission du président du conseil italien Giuseppe Conte, mettant fin à la coalition entre la Ligue et le mouvement 5 étoiles (M5S). Le Parti Démocrate et le M5S sont dans la foulée parvenus à un accord, ouvrant la voie à la formation d’une coalition de gouvernement.
Au Royaume-Uni, les tensions se renforcent au sujet du Brexit entre Boris Johnson et le Parlement. La position dure du Premier Ministre fait monter le risque d’une sortie sans accord de l’Union Européenne au 31 octobre.
En Chine, le conflit commercial qui oppose le pays aux Etats-Unis s’est envenimé sur le mois. Au-delà de la hausse des tarifs douaniers, la Chine a été placée par les Etats-Unis sur la liste des pays manipulateurs de devises. Les indicateurs conjoncturels attestent d’une détérioration globale de l’activité et traduisent les pressions soutenues issues du conflit commercial. Par ailleurs le mois a été marqué par les très vives tensions à Hong-Kong. Au Japon, le secteur industriel reste mal orienté. Le PMI manufacturier décrit une contraction depuis 4 mois (49,5 en août), principalement en raison de la chute des commandes à l’exportation. Du côté de la consommation, les ventes au détail chutent de -2% en glissement annuel en juillet (après 0,5% en juin) traduisant la fragilité de la demande intérieure en lien avec la chute de confiance des consommateurs.
Rédigé par
Sébastien Berthelot
Responsable adjoint de l'équipe Recherche Macro économique
Le 3 septembre 2019