Environnement économique de juillet 2019
Retrouvez notre analyse mensuelle de l'environnement économique des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
EN BREF
Juillet aura encore été rythmé par les Etats-Unis et la Chine, mais davantage par les mesures de soutiens, monétaires notamment, que par les négociations commerciales (en cours). Les messages plus accommodants des banquiers centraux (Europe, Japon) se sont généralisés et les baisses de taux directeurs se sont multipliées (Etats-Unis, Corée, Turquie, Russie, Brésil). Aux Etats-Unis, l’économie est relativement solide, même si le secteur manufacturier continue d’afficher des signes de ralentissement. En Zone euro, le climat des affaires s’est aussi dégradé dans le secteur manufacturier. En Chine, le pilotage conjoncturel reste difficile avec le ralentissement de l’activité. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de -2,01% contre dollar et termine le mois à 1,1151 dollar pour un euro. Le prix du baril de Brent se replie de -2,07% à 65,17 dollars.
Aux États-Unis, d’après les 1ères estimations, la croissance annuelle est restée relativement solide au 2e trimestre à 2,3%. La consommation est robuste, mais l’investissement non résidentiel recule, tandis que le commerce et les stocks contribuent négativement. A l’image de la croissance et d’une économie à deux vitesses, les indicateurs d’enquête manufacturiers se sont modérés en juillet, mais les ventes au détail ont fortement progressé en juin. Au niveau de l’emploi, les créations ont nettement rebondi (224 000 contre 75 000 le mois précédent), la croissance des salaires est stable (3,1% sur l’année) et le taux de chômage est en légère augmentation (3,7%). En revanche, les pressions inflationnistes restent faibles, avec une inflation en recul à 1,6% en juin en lien avec l’énergie. Par ailleurs, l’administration Trump et le Congrès sont parvenus à un accord pour augmenter les dépenses fédérales au cours des deux prochaines années fiscales et lever la limite sur la capacité d’emprunt du gouvernement. Concernant la politique monétaire, la Fed a confirmé son biais plus accommodant avec la réduction des taux directeurs de 25 points à 2,25% (le 31 juillet) et la fin de la réduction de son bilan à partir d’août.
En Zone Euro, malgré le regain de la production industrielle en mai, les difficultés restent prégnantes, notamment en Allemagne et Italie. De nouvelles dégradations sont attendues d’après les indicateurs d’enquête en relation avec les facteurs connus (tensions commerciales, négociations du Brexit, ralentissement chinois et faiblesses de l’automobile). Les indicateurs de confiance sont toutefois mieux orientés dans le secteur des services et consommation. Ainsi, la croissance au 2ème trimestre devait ralentir (contraction en Allemagne et stagnation en Italie). Le marché du travail apparaît toujours dynamique et le taux de chômage poursuit sa baisse tendancielle. L’inflation est revue à la hausse à 1,3% en juin, mais sans attentes d’accélération. Concernant la politique monétaire, la BCE a introduit un biais baissier, se disant « préparée et prête » à utiliser tous les outils à sa disposition pour ramener l’inflation à sa cible. En outre, le cadre de la politique monétaire a été reconsidéré avec la suppression de la référence à la cible d’inflation de 2%. Au niveau politique, Ursula Von Der Leyen a été élue à la présidence de la Commission Européenne, Christine Lagarde à celle de la BCE, Charles Michel à celle du Conseil.
Au Royaume-Uni, Boris Johnson a été élu au poste de Premier ministre, avec la volonté de renégocier l’accord de retrait et de supprimer la solution de recours pour l’Irlande du Nord, une position jugée « inacceptable » par l’Union Européenne.
Au Japon, l’économie reste affectée par le ralentissement de la demande extérieure, malgré une certaine résistance de la demande intérieure (consommation). L’inflation est faible et stable à 0,7%. Dans ce contexte, la BoJ a maintenu sa politique monétaire accommodante, mais a ajouté un biais baissier en précisant qu’elle « n’hésiterait pas à prendre des mesures d’assouplissements additionnels ». Aussi, le Parti libéral démocrate de Shinzo Abe a remporté les élections sénatoriales.
En Chine, le ralentissement de la croissance du PIB est confirmé à 6,2% au 2e trimestre. Des signes de stabilisation apparaissent (ventes au détail, production industrielle), mais ils sont à confirmer. Les nouveaux flux de financement sont en hausse marquée, notamment via les projets d’infrastructures, soulignant les efforts de la PBOC pour stimuler la demande intérieure. L’accélération de l’ouverture du secteur financier aux étrangers (2020 au lieu de 2021) traduit également la difficulté des autorités de piloter l’ajustement conjoncturel face au choc externe en cours (tensions commerciales avec Etats-Unis et ralentissement du commerce mondial).
Dans les autres émergents, les assouplissements monétaires se sont multipliés avec les baisses des taux directeurs de 425 points à 19,75% en Turquie, de 25 points à 7,25% en Russie, de 25 points à 1,5% en Corée, de 50 points à 6,00% au Brésil.
Rédigé par
Arnaud Latinier
Chargé d'études économiques
Le 1er août 2019