Environnement économique de mars 2019
Retrouvez notre analyse mensuelle de l'environnement économique des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
EN BREF
Le climat d’incertitudes économique et politique, décrit dans nos perspectives, a perduré en mars. Deux événements majeurs auront marqué le mois. D’une part, les banquiers centraux de la Fed et de la BCE ont infléchi leur orientation monétaire vers une approche plus prudente en 2019. D’autre part, la Chambre des communes a rejeté, pour la troisième fois, l’accord de retrait signé par Theresa May et les officiels de l’Union européenne. Les votes indicatifs qui se sont tenus pour trouver une alternative à cet accord n’auront pas permis de clarifier la situation sur l’issue du Brexit. Sur le plan économique, la confiance des industriels européens tout comme les statistiques chinoises attestent d’une faiblesse persistante de l’activité. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié contre dollar de 0,6% et termine le mois à près de 1,142 dollar pour un euro. Le prix du baril de pétrole Brent progresse de 7% et termine à 66 dollars.
Amérique
Aux Etats-Unis, l’économie conserve une dynamique positive en mars malgré quelques signes de modération de l’activité dans le secteur industriel. En effet, l’indicateur ISM manufacturier a perdu un peu de hauteur à 54,2 points en mars tandis que la production et les commandes industrielles ont faiblement progressé en février. Le recul des importations de produits à destination de l’industrie atteste aussi d’un moindre dynamisme du secteur. Du côté de l’emploi, le rapport de février illustre une forte volatilité des créations de poste (seulement 20 000 postes, après 311 000 en janvier). Les autres éléments confirment néanmoins la bonne tenue du marché du travail avec des salaires en hausse de 3,4% sur un an et un taux de chômage au plus bas. Enfin, la Réserve fédérale (Fed) a confirmé son virage vers une approche patiente et prudente lors de la réunion de politique monétaire de mars. Les membres du FOMC n’envisagent désormais plus de hausse de taux directeur en 2019 et une hausse en 2020. Les perspectives de croissance ont été révisées en baisse pour 2019, passant de 2,3% à 2,1%. Les pressions inflationnistes étant très faibles et les risques extérieurs toujours présents, le comité juge qu’il est urgent de ne rien faire, et ce pour une période prolongée. La Fed a également fourni des précisions sur le pilotage de son portefeuille de titres : la réduction de la taille du bilan devrait s’achever en septembre 2019.
Europe
En Zone Euro, la situation économique est contrastée avec, d’un côté, la bonne tenue de l’emploi et du secteur des services, et de l’autre, une dégradation assez nette du climat des affaires dans le secteur manufacturier en mars. En témoigne l’indice PMI manufacturier qui chute sur un plus bas de 6 ans à 47,6 points et signale une détérioration des carnets de commandes et de la production. Par ailleurs, cette faiblesse du secteur, particulièrement en Allemagne, a été confirmée par les enquêtes IFO et de la Commission européenne. A l’inverse, les indices dans le secteur des services montrent pour l’instant une certaine résistance de la demande domestique. L’indice PMI services est stable en mars à 52,7 points mais pointe vers une croissance modeste. Toutefois, les premières indications issues des ventes au détail se sont révélées encourageantes pour la consommation au premier trimestre. Sur le plan monétaire, la BCE a révisé sa prévision d’inflation pour 2019 (1,2%) et décidé de prolonger sa politique de taux bas actuel au moins jusqu’à la fin 2019. De plus, l’institution monétaire va procéder à de nouvelles opérations de fourniture de liquidité à long terme (TLTRO3) et réfléchirait à prendre des mesures pour corriger les effets des taux négatifs sur la profitabilité du secteur bancaire.
Au Royaume-Uni, la Chambre des communes a rejeté, pour la troisième fois, l’accord de retrait signé entre Theresa May et les officiels de l’Union européenne avec un écart de 58 voix (286 pour—344 contre). A fin mars, aucun des votes indicatifs qui se sont tenus pour trouver une alternative à cet accord n’a réuni une majorité pour clarifier la position du Parlement sur l’issue du Brexit. Un Conseil européen d’urgence a été convoqué pour le 10 avril. De leur côté, les publications économiques ont plutôt surpris positivement sur la période avec un nouveau recul du taux de chômage, une progression des ventes au détail et de la production industrielle.
Asie-Océanie
Au Japon, l’activité dans le secteur manufacturier reste faible malgré le rebond mensuel de la production en février. Ceci est confirmé par l’évolution de l’indice PMI manufacturier en territoire négatif depuis février. Sur le front de l’emploi, la situation reste favorable mais peine à se retranscrire dans la dynamique de consommation. En Chine, le Congrès du Parti communiste chinois a acté un abaissement de la cible de croissance pour l’année 2019, fixée entre 6 et 6,5%. Les autorités signalent leur intention de stabiliser le niveau d’endettement de l’économie en limitant la croissance du crédit à un rythme similaire au PIB nominal. Enfin, la politique budgétaire sera proactive avec une réduction de la fiscalité à travers une baisse de la TVA. Enfin, la batterie d’indicateurs sur la période janvier-février illustre le ralentissement de l’industrie et des échanges même si on décèle quelques signes de stabilisation du côté de l’investissement.
Rédigé par
Thomas FOICIK
Chargé d'études économiques
Le 29 mars 2019