Environnement économique - Décembre 2021

Environnement économique

Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de décembre 2021 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie

Nos perspectives économiques et financières

Nous avons consacré nos perspectives économiques et financières à l’analyse comparée de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, 3 pays qui n’échappent pas au mouvement de divergence que nous mettions en avant en début d’année. Force est de constater que l’Allemagne affiche des avantages indéniables. Le tissu industriel allemand est bâti sur une véritable logique de filière allant de l’apprentissage jusqu’à la définition des normes industrielles. Le Royaume-Uni, qui a fait le choix d’une spécialisation vers les services, bénéficie d’un environnement des affaires souvent considéré comme un des plus favorables au monde, ce qui contribue à son attractivité. Tout comme le Royaume-Uni, la France a vu la part de son industrie fortement reculer. Une fiscalité lourde, une formation professionnelle peu adaptée et un poids élevé des services à faible valeur ajoutée pourraient pénaliser le pays face aux défis de demain. Au-delà de l’analyse de ces trois pays, la question d’un retour durable de l’inflation se pose. La désorganisation des chaînes de production mondiales, le soutien massif à la demande, la résurgence potentielle d’une boucle prix-salaire et la transition énergétique sont autant d’éléments alimentant le risque inflationniste.

Assouplissement monétaire et durcissement sanitaire

Le mois de décembre a été marqué par un durcissement généralisé, mais d’ampleur inégale, des politiques monétaires des principales banques centrales. Ainsi, la Réserve fédérale américaine, la Banque Centrale Européenne et la Banque d’Angleterre ont toutes trois procédé, à divers degrés, à un ajustement de leurs outils pour faire face à l’accélération des pressions inflationnistes dans un contexte de perturbation des chaînes de valeur et de renchérissement des matières premières. La situation n’en demeure pas moins hétérogène entre les pays, avec une Banque d’Angleterre et une Réserve fédérale américaine bien plus avancées dans leur normalisation que la Banque Centrale Européenne. En parallèle, la dégradation récente des conditions sanitaires risque de pénaliser la reprise des économies, tout en accentuant certaines des problématiques d’approvisionnement, et par là les tensions sur les prix. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de 0,33% et termine le mois à 1,133 dollars pour un euro. Après deux mois de forte hausse, le prix du baril de Brent a progressé de 10,2% sur le mois, pour atteindre 77,8 $.

AmériqueAux États-Unis, face à la montée des pressions inflationnistes, la Réserve fédérale s’est vue contrainte d’avancer la normalisation de sa politique monétaire. En effet, l’inflation, mesurée par la croissance annuelle des prix des dépenses personnelles de consommation, a atteint 6,8% en novembre 2021, portée à la fois par des éléments liés à la pandémie et par des éléments plus durables, tels que la hausse des prix des loyers. Le comité de politique monétaire a ainsi décidé d’accélérer la réduction de son programme d’achat de titres, qui avait été initié au printemps 2020, en passant d’une diminution mensuelle de 15 Mds$ à 30 Mds$. Dans ce contexte, le programme d’achat arrivera à terme dès mars 2022 (contre juin auparavant). La médiane des prévisions individuelles des membres de la Fed signale 3 hausses de taux de 0,25% en 2022, 3 en 2023, puis 2 en 2024. La mise à jour des prévisions économiques des membres du comité reflète les inflexions récentes en termes d’activité et de prix. La croissance du PIB en 2021 devrait être légèrement plus faible qu’anticipée en septembre, mais est révisée en hausse pour 2022. Concernant les prix, le comité qui attendait une inflation à 4,2% fin 2021, prévoit désormais un niveau de 5,3%. En 2022, l’inflation se situerait à 2,6% selon ses prévisions. Du côté des données d’activité, la sphère industrielle, fortement pénalisée par les contraintes d’approvisionnement, montre des signaux d’embellie avec une progression de la production en novembre. En revanche, les données de consommation témoignent d’un début de freinage des dépenses des ménages face à la hausse des prix. Enfin, le marché du travail reste marqué par d’importantes tensions malgré un rapport d’emploi en demi-teinte en novembre. Au niveau budgétaire, le Congrès a finalement voté une hausse de 2500 Mds$ du plafond de la dette le 14 décembre, une augmentation qui devrait être suffisante, pour permettre au gouvernement fédéral de se financer jusqu’au-delà des élections de mi-mandat de novembre 2022.

Europe

En Zone euro, la Banque Centrale Européenne (BCE) a procédé à un modeste durcissement de sa politique monétaire en annonçant une réduction progressive de ses achats d’actifs et en se laissant la possibilité d’intervenir en cas de nouveau choc lié à la pandémie ou de resserrement des conditions de financement. Le programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP) prendra fin en mars 2022. La BCE ne se prive toutefois pas entièrement de la flexibilité propre au PEPP et a annoncé une extension des réinvestissements du PEPP jusqu’à la fin 2024 (contre 2023 précédemment), réinvestissements qui pourront se faire de façon souple pour éviter un resserrement trop important des conditions de financement. La BCE a également annoncé une augmentation temporaire du rythme d’achats du programme d’achats d’actifs APP. Le rythme d’achats d’actifs nets de l’APP (actuellement de 20 Mds€ de titres souverains par mois) sera augmenté temporairement pour atteindre 40 Mds€ au deuxième trimestre 2022 et 30 Mds€ au troisième trimestre. À l’occasion de cette réunion, la BCE a également dévoilé les projections macroéconomiques de son service économique. Ces dernières sont marquées par une forte révision à la hausse des projections d’inflation (2,6% en 2021, 3,2% en 2022 et 1,8% en 2023 et 2024), sur des niveaux supérieurs aux prévisions du consensus. Du côté des données d’activité, le secteur manufacturier montre quelques signes d’embellie en fin d’année mais la production demeure encore largement en deçà des niveaux d’avant-crise. La dynamique de la consommation des ménages est hétérogène entre les pays et risque d’être fragilisée par la hausse des prix et la dégradation des conditions sanitaires.

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a procédé à une hausse de son taux directeur de 15 points de base, le portant à 0,25%. La Banque d’Angleterre estime qu’un « modeste durcissement » de la politique monétaire au cours des années à venir apparaît approprié pour ramener l’inflation vers la cible des 2% dans un contexte d’intensification des pressions inflationnistes (l’inflation atteint 5,1% en novembre) et de tensions sur le marché du travail. Le taux de chômage a ainsi poursuivi sa décrue malgré la fin des dispositifs de chômage partiel et atteint 4,2% en moyenne au cours des trois derniers mois menant à octobre.

Asie OcéanieEn Chine, les moteurs domestiques de la croissance chinoise se maintiennent en sous-régime en novembre. En effet, la dynamique des ventes au détail est restée relativement faible avec une croissance à 3,9% en glissement annuel, reflétant les conséquences des restrictions sanitaires qui ont particulièrement affecté les services. En revanche, la production industrielle enregistre une légère accélération en novembre. Enfin, l’investissement immobilier et en infrastructure poursuit son déclin tandis que l’investissement productif conserve une dynamique positive. Du côté de la politique monétaire, la Banque populaire de Chine (PBoC) a, à rebours des autres banques centrales, procédé à un assouplissement de sa politique monétaire en baissant plusieurs de ses taux directeurs. La PBoC a également annoncé une augmentation des achats nets de devises étrangères afin de limiter l’appréciation du Yuan.

Au Japon, la Banque du Japon (BoJ) s’engage à la poursuite d’une politique largement accommodante et prolonge son soutien exceptionnel aux petites et moyennes entreprises mais elle maintient toutefois le calendrier de levée progressive de la plupart des mesures de réponse à l’épidémie. Les données d’activité ont été de bonne facture en novembre, avec une progression des ventes au détail et de la production industrielle. Du côté des prix, l’inflation accélère et atteint 0,6% en glissement annuel en novembre.

 

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Rédigé par

Pierre BOSSUET
Analyste économique

Le 3 décembre 2021