Nos Perspectives Économiques et Financières de octobre 2018
Le PEF, Perspectives Économique et Financières, est un cycle en quatre étapes qui a lieu trois fois par an. Gage de la pérennité d’un processus de gestion collégial, il est la colonne vertébrale de nos équipes de gestion.
Comme souvent, nous rappelons en préambule qu’il est essentiel de prendre le temps d’analyser l’évolution du monde dans lequel évoluent les Etats souverains et les entreprises dans toutes ses composantes tant économiques, que géographiques ou politiques. Investir sur les marchés financiers, c’est détenir des positions en tant qu’actionnaire ou créancier. Or le monde dans lequel nos investissements évoluent, est non seulement complexe mais à visibilité plus réduite avec le changement d’administration américaine, la pratique du pouvoir du nouvel homme fort de Pékin et la décision britannique de quitter le bateau européen.
Revenons tout d’abord sur nos messages et alertes de juin dernier. Notre analyse de l’environnement reposait alors sur trois messages majeurs. Ils portaient sur la diffusion de la croissance que l’on pouvait encore observer à la fois dans les pays développés mais aussi dans les grands pays émergents. Pour les premiers, nous nous confirmions une croissance nourrie par l’investissement, et plus spécifiquement l’investissement non résidentiel. Le constat était particulièrement vrai pour les Etats-Unis.
Néanmoins nous émettions trois alertes concernant la zone Euro, le Japon et les Etats-Unis:
- Tout d’abord, nous avons été amenés à revoir notre sentiment sur la conjoncture européenne qui paraissait s’obscurcir en raison des regains de tensions politiques au sein de la zone.
- De plus, sans remettre en cause l’attrait du marché actions japonais, et surtout celui des entreprises qui ont notre préférence, nous avions émis quelques réserves sur le Japon dont la croissance devait, selon nous, réserver quelques épisodes de volatilité en raison de la dépendance à l’extérieur de l’économie japonaise marquée par un vaste secteur exportateur alors que le contexte mondial du moment restait dominé par une Amérique soucieuse de revoir les conditions des échanges commerciaux .
- Enfin, face à des Etats-Unis en grande forme économique, nous ne voyions aucune raison de voir la FED temporiser son cycle de resserrement monétaire.
Enfin notre vision de l’environnement et des marchés s’inscrivait encore dans la droite ligne de notre fil conducteur que nous déployons depuis de nombreux mois à savoir que nous vivons dans une époque charnière à plus d’un titre. Le plus emblématique est probablement la remise en cause de la mondialisation telle que nous la pratiquons depuis l’effondrement de l’URSS, organisée autour d’accords multilatéraux dont les négociations et la surveillance des engagements pris, est confié à un organisme supra national, l’OMC, également chargé de l’arbitrage des conflits et de l’application des sanctions.
Que s’est-il passé depuis ?
Sur les marchés financiers trois thèmes sont montés en puissance au cours de l’été :
- La pression américaine sur ses partenaires commerciaux. La Chine est la première visée.
- Le risque politique en Europe avec :
- L’absence d’accord entre l’Union Européenne et la Grande-Bretagne sur ses conditions de sortie de l’Union et les relations futures ;
- La nouvelle configuration politique italienne ;
- L’émergence d’un danger réel de voir l’actuelle coalition au pouvoir en Allemagne éclater sous la poussée de mouvements anti-migrants soutenus par une extrême droite plus puissante. Ce risque pourrait menacer Angela Merkel, fortement déstabilisée y compris dans son propre camp.
- La réapparition d’un risque émergent majeur avec un retour a un traitement indifférencié des pays émergents de la part des investisseurs internationaux
Tous ces évènements interviennent dans un contexte de resserrement monétaire mené́ par la Banque centrale américaine, certes progressif mais réel. Les évènements de l’été confirment les deux enjeux majeurs qui vont sous tendre notre stratégie d’investissement,
- L’impact de la politique de la banque centrale américaine sur la liquidité mondiale
- La déstabilisation des conditions de concurrence bousculant les modèles de développement des firmes telles qu’elles prévalent depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et l’entrée de la Chine dans les accords de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).