OnDécrypte l'Hebdo - Notre suivi des marchés de la semaine
L’alliance OPEP-Russie n’a pas survécu. Au moment où les effets, encore imprécis, de l’épidémie mondiale du virus sur la croissance appelaient à une posture commune des principaux producteurs de pétrole, hors Etats-Unis, c’est au contraire le constat d’un échec qui prédomine.
Depuis 2016, La Russie participait, malgré le mécontentement de ses propres champions nationaux, à l’effort de régulation de l’équilibre offre-demande. Elle a donc pris acte du manque de résultat de cette stratégie et décidé de préserver ses recettes en augmentant ses volumes. De fait, l’Arabie Saoudite, producteur à coûts bas, a décidé de reprendre l’option d’augmenter son offre à partir de ses capacités de réserve et contraindre les producteurs à coûts élevés au prix d’un effondrement des cours mondiaux. Le pétrole est l’une des 3 clés de nos Perspectives Economiques et Financières avec les matières premières et le dollar depuis de nombreuses années. C’est une clé majeure qui conditionne à la fois la demande des consommateurs ainsi qu’une partie des transferts de richesse. Il est aussi un enjeu géostratégique au centre de nos efforts pour comprendre le monde. On doit s’interroger en effet sur la non reconduction des quotas, un tournant stratégique pour l’Arabie Saoudite. Les acteurs du marché pétrolier semblent se diriger vers des politiques de maximisation de leurs parts de marché comme lors de l’épisode 2014-2015. Les estimations de point mort pour les budgets saoudien et russe sont respectivement de près de 80$ et 45$. Nous sommes donc bien en deçà de cette zone de confort. Mais leurs priorités géostratégiques ne sont plus alignées et ont mené à cette situation non coopérative. La Russie, forte de ses réserves financières et bénéficiant d’un Rouble faible, semble attachée à lutter contre la hausse des parts de marché américaines des producteurs de pétrole de schiste au moment où la compagnie Rosneft souffre de sanctions américaines, tout comme le projet de gazoduc Nord Stream 2. On rappelle que les seuils de rentabilité des producteurs de pétrole de schiste américains sont de 40-45$. Ils sont directement visés par la Russie et indirectement par l’Arabie Saoudite, toutes les 2 à la manœuvre de ce nouvel ordre pétrolier. Au-delà du marché du pétrole, nous serons particulièrement attentifs à la spirale du marché du crédit sur le secteur bancaire ainsi que sur toute la chaîne d’acheteurs de dettes titrisées. Au sein des portefeuilles actions nous privilégions les entreprises intégrées aux sociétés de service en nous assurant que le paiement des dividendes ne se fait pas par endettement supplémentaire.
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