Edito - Mai 2024
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Des cris dans la nuit
Les élections européennes approchent. Elles vont se dérouler dans un environnement bien différent de la précédente édition.
Rappelons-nous, la précédente élection eu lieu en mai 2019. Que de changements et de crises depuis lors ! A l’époque, l’Europe était préoccupée par les conséquences du référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni survenu en 2016. On s’émouvait beaucoup de l’arrivée au pouvoir de gouvernements eurosceptiques en Hongrie, Pologne, Autriche ou encore en Italie. C’était aussi peu de temps après l’accord sur le climat de 2015 qui portait en lui tant d’espoirs pour les Hommes et la planète.
C’était il y a 5 ans seulement mais cela parait bien plus lointain. Un autre monde…une autre Europe ? Des successions de crises ont jalonnées ce temps, telles que celle du COVID, des guerres proches de l’Europe et / ou un peu plus lointaines (Moyen Orient) occasionnant notamment des changements profonds des marchés d’approvisionnement des entreprises européennes. Des bouleversements des rapports de force géopolitiques ont vu le jour : États-Unis / Chine ; Europe / Russie ; Occident / BRICS ; pays développés / pays émergents. Le maître mot est de conserver sa souveraineté, se protéger de l’ennemi, quel qu’il soit, même s’il n’est pas toujours qualifié.
« Et le climat dans tout cela ? On ne sait plus.
»
Oui, les Chinois investissent massivement dans les véhicules électriques, importent et stockent des monceaux de matériaux de la transition énergétique. Mais le climat semble être dans ce cas davantage un outil de pouvoir économique et de capacité d’exportations
Oui, les Américains ont fait l’IRA. Mais personne n’est dupe. Même si les investissements là aussi sont colossaux, l’objectif est de protéger une souveraineté économique, reconstruire l’industrie américaine sur le sol domestique et barrer la route à tout prix au voisin chinois dans la course à la suprématie économique mondiale
Les Européens semblent perdus dans ce monde. Avec peu de moyens, des coûts énergétiques élevés, une défense européenne trop faible et des entreprises qui préfèrent investir à l’étranger.
Ne nous trompons pas. Nombre d’observateurs sont conscients des défis et des faiblesses. « Des cris s’élèvent dans la nuit »
Mais la stratégie peine à se dessiner. On nous reparle du marchés européen des capitaux (sujet vieux de 10 ans qui n’a jamais pu aboutir). On pointe du doigt les pratiques anti- concurrentielles des Chinois et on envisage des taxes à l’importation, même si dans le même temps, le chancelier allemand va faire la cour à son partenaire chinois. On appelle de ses vœux une défense européenne, mais on est soulagé que le Sénat américain votre une rallonge pour l’Ukraine.
Jamais une élection européenne n’a été aussi majeure pour le devenir de l’Europe. Mais son fonctionnement institutionnel la rend complexe puisque c’est la Commission européenne, organe politique non élu, qui en est le véritable exécutif.
Un mode fonctionnement qui est un autre défi de l’Europe dans sa volonté de s’affirmer
« Il écoute la nuit. Et seul le son de sa propre voix lui parvient, hurlant de frustration » Jim Gordon
Rédigé par
Lucile LOQUÈS
Directrice du pôle Actions Internationales
Le 13 avril 2023
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