Edito - Mars 2024
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Retraitons
Relevons deux sujets de l’actualité économique qui sont révélateurs de l’ampleur des défis à relever pour notre pays. D’une part les débats budgétaires en France autour du plan d’économies de 10 milliards d’euros pour 2024 et probablement du double en 2025, qui tiennent une place importante dans la presse économique. D’autre part le sujet plus « technique » et peu médiatisé du volet financier de la loi sur l’industrie verte. Deux sujets qui se rejoignent sur l’épargne retraite, épargne longue par excellence pour financer l’économie.
Les investisseurs et sociétés de gestion de portefeuille sont directement concernés.
A propos des débats budgétaires, sur la réalisation d’économies par le gouvernement, cela met une nouvelle fois en évidence la difficulté à maitriser la situation et à respecter une certaine orthodoxie financière. Pour tout investisseur, la confiance est clé. Certains ont la très désagréable impression que le budget de l’État est un tonneau des Danaïdes de dépenses incontrôlables depuis des décennies. Le niveau et le service de la dette de l’État et de ses opérateurs doivent être questionnés sur sa soutenabilité.
Quelques voix se font entendre désormais sur la non-exemplarité de l’État à propos de la transparence de ses comptes, en dépit de la multiplication des Hauts Commissariats, Conseils d’Orientation et autres instances. Ce qui est exigé vis-à-vis du secteur privé ne l’est pas dans la nébuleuse publique.
« Quant à l’épargne retraite, l’enjeu est la constitution d’une strate de retraite par capitalisation qui est présentée comme un tabou par certains politiciens qui se disent soucieux de « préserver le modèle social français », qui n’est même plus qualifié, par ces mêmes personnes, de « que le monde entier nous envie ». »
Et pourtant, il existe bel et bien quelques discrets régimes de retraite par capitalisation en France y compris pour les fonctionnaires. Le succès récent du PER, crée par la loi PACTE de 2019, démontre bien la nécessité exprimée par un large public de se doter d’un équivalent de régime de retraite par capitalisation. La loi sur l’industrie verte vise à mettre en place un « fléchage » des investissements sur des actifs de long terme, avec des règles dont certaines sont manifestement trop complexes. Au-delà des problématiques techniques et d’un certain zèle administratif, il faut reconnaitre que sur le fond l’idée est bonne.
A l’heure où l’ambition est de relancer l’Union des Marchés de Capitaux (UMC) qui vise à développer le financement par le marché des économies européennes, c’est un premier pas.
« Du financeur au financé, toute la chaîne d’investissement devrait y trouver son compte et ainsi selon les propres termes de notre ministre de l’Économie « mettre l’argent au travail ». »
Ce qui rend perplexe, à la convergence des choix budgétaires et de la nécessité de constituer une épargne de long terme, c’est l’émergence d’un débat quasi idéologique qui s’est mis en place. Certains beaux esprits se sont bruyamment offusqués à l’annonce du plan d’économies de 10 milliards d’euros, en critiquant le sacrifice de la jeunesse au profit des retraités. Les pensions de retraites n’étant en fin de compte, selon eux, que des prestations sociales discrétionnaires. C’est à ce moment que le sujet du manque de transparence des comptes publics intervient. Les détracteurs, qui eux savent compter et surtout cherchent à en comprendre les mécanismes au-delà de l’affichage. En simplifiant, le système de retraite par répartition du privé est globalement équilibré, donc sans « sacrifice de la jeunesse ». Du côté du secteur public, le financement reste opaque avec un système de subventionnement qui se traduit en déficit et donc en dette. La retraite n’est pas une prestation sociale à proprement dit (sauf exceptions de solidarités) mais un vrai système à part entière, fondé sur des cotisations obligatoires, qui doit s’autofinancer. Certains noms sont trompeurs et abusifs comme l’appellation « assurance retraite », puisque qu’il n’y a pas de notion d’aléatoire, ou le fait d’être logé dans le budget de la « sécurité sociale ». Il est urgent que nos gouvernants le prennent en compte pour une meilleure efficacité et transparence vis-à-vis de tous. Les retraités n’étant après tout que d’anciens jeunes. La réforme de la gouvernance des retraites est donc loin d’être terminée.
Yannick TATIBOUËT
Directeur Exécutif
Directeur de la Veille Stratégique, des Relations Extérieures, et de la coordination sur la finance durable
Le 11 mars2024
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