Environnement économique de janvier 2020
Retrouvez notre analyse mensuelle de l'environnement économique des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
EN BREF
Alors que les États-Unis et la Chine officialisent une première avancée significative dans leurs négociations commerciales et que le Royaume-Uni concrétise sa sortie de l’UE, de nouvelles incertitudes émergent sur les perspectives économiques mondiales avec la propagation du coronavirus en Chine. La mise en quarantaine de près de 56 millions de personnes dans le pays fait craindre une paralysie d’une partie de l’activité et de la demande chinoise, des inquiétudes qui se sont répercutées sur les prix des matières premières industrielles sur le mois de janvier. Le prix du baril de Brent, de son côté, se contracte de -5,9% à 55 dollars. Dans ce contexte, les principales banques centrales maintiennent une position attentiste. Côté changes, l’euro a baissé de -1,6% contre le dollar et termine le mois à 1,1052 dollar pour un euro.
Dans le détail, aux Etats-Unis, le mois a donc été marqué par la signature de l’accord commercial de phase 1 avec la Chine, texte qui prévoit notamment une augmentation de 200 Mds$ sur deux ans des importations chinoises de produits américains. Concernant l’activité économique, le PIB américain a maintenu sa croissance stable à 0,5% au quatrième trimestre 2019, soit 2,3% sur l’ensemble de l’année. Les dépenses des ménages (consommation et investissement résidentiel) sont restées le principal moteur de la croissance alors que l’érosion de l’investissement des entreprises s’est poursuivie. Le trimestre a également été marqué par une chute des importations et ce malgré le rebond observé au mois de décembre, en lien avec la mise en place de tarifs sur certains produits originaires de Chine. De son côté, la production industrielle reste mitigée et les indices des directeurs d’achat (PMI) indiquent un renforcement de la dichotomie entre manufacturier et services sur le mois de janvier. Aussi, la dégradation du secteur de l’aéronautique, en lien avec les problèmes que rencontrent Boeing et son 737 Max, devrait entretenir la faiblesse de l’industrie. Toutefois, certains indicateurs d’enquête régionaux apportent des signaux plus positifs sur l’activité manufacturière en ce tout début d’année. L’immobilier quant à lui, et en particulier les ventes de logements anciens, continue de progresser en décembre. La situation des ménages reste favorable. Les ventes au détail poursuivent leur accélération en décembre et la confiance des consommateurs se maintient à des niveaux élevés. On notera néanmoins une modération des créations de postes en décembre et la légère inflexion de la croissance annuelle du salaire horaire. Sur le plan monétaire, la Réserve fédérale américaine a maintenu sa politique monétaire inchangée à l’unanimité lors de la réunion du FOMC. Sur le plan politique, la probabilité pour que le procès en destitution de D. Trump – qui s’est ouvert au Sénat en janvier – aboutisse à une condamnation semble toujours très faible dans la mesure où il s’agit d’un vote à majorité qualifiée (au 2/3) et que les républicains sont majoritaires.
En Zone euro, le PIB n’a augmenté que de 0,1% au T4 2019, soit une croissance annuelle de 1,2% en 2019 (son plus bas niveau depuis 2013). Par pays, l’activité a reculé en France (-0,1% au T4) et en Italie (‑0,3%) mais progresse en Espagne (+0,5%) et en Allemagne (où elle est estimée à 0,25%). Sur le mois de janvier, les principales enquêtes d’activité (PMI et indicateurs de sentiment économique) témoignent d’une croissance encore marginale malgré des signes d’amélioration sur le secteur manufacturier – qui reste particulièrement détérioré en Allemagne. Les enquêtes révèlent un ralentissement dans le secteur des services qui peut, en partie, s’expliquer par l’impact des grèves en France. La demande des ménages reste toutefois bien orientée avec une confiance des consommateurs qui se maintient à un niveau historiquement élevé. Elle bénéficie de l’amélioration du marché du travail et de la baisse du taux de chômage à 7,4%. La dernière réunion de politique monétaire de la BCE s’est soldée par un statu quo en janvier, sans modification majeure concernant la communication. L’inflation reste inférieure à la cible à 1,3% en janvier, tirée par la progression des prix énergétiques. Côté politique, le parti démocrate italien (centre gauche) a remporté une élection régionale à haut risque en Emilie-Romagne face à l’extrême droite de M. Salvini qui domine les intentions de vote au niveau national. Enfin, le Royaume-Uni ne fait officiellement plus parti de l’UE depuis le 1er février 2020. Après une dégradation fin 2019, l’activité britannique montre des signes positifs en janvier à l’image du PMI manufacturier qui a rebondi. Dans ce contexte, la Banque d’Angleterre a maintenu sa politique monétaire inchangée en janvier.
En Chine, le mois de janvier a été marqué par la propagation du coronavirus (362 morts et 17405 cas avérés le 3 février 2020). L’ampleur de l’impact économique de cette épidémie reste pour le moment très incertaine. La croissance du PIB chinois a ralenti à 6,1% en 2019, un point bas en 29 ans, et d’importants risques se maintiennent sur les perspectives 2020. Les chiffres du commerce se sont améliorés en décembre mais les échanges avec les États-Unis restent déprimés malgré la conclusion d’un accord. La Banque Populaire de Chine a maintenu sa politique inchangée en janvier mais un assouplissement graduel est attendu dans les prochains trimestres. Au Japon, la production industrielle a rebondi en décembre mais les ventes au détail restent en contraction. Les effets de la relance budgétaire sur l’activité sont attendus au second semestre 2020. La Banque du Japon a aussi maintenu sa politique monétaire inchangée en janvier.
Louis MARTIN
Analyse macroéconomique
Le 3 février 2020