Environnement économique - décembre 2022

Environnement économique

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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de décembre 2022 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.

Nos perspectives économiques et financières

Les nombreux défis soulevés par le conflit russo-ukrainien, et au-delà par la polarisation du monde, mettent à l’épreuve aujourd’hui plus que jamais l’Union européenne, à laquelle nous avons consacré nos perspectives économiques et financières de novembre 2022. Le projet européen est testé à la fois dans son fonctionnement institutionnel et dans son organisation économique, à travers la compatibilité et la solidarité des politiques budgétaires respectives de ses membres. Face à des politiques monétaires quasi unanimement restrictives, la récession n’est plus qu’une question de temps. La hausse des taux d’intérêt souverains fait peser un risque de soutenabilité des dettes publiques et privées sur le continent et fait renaître le spectre d’un éventuel défaut d’un pays membre et de l’implosion du projet européen.

La Chine sort de la politique « zéro-covid »

Les banques centrales occidentales ont poursuivi leur resserrement monétaire durant le mois de décembre, mais les hausses de taux ont été moins importantes que précédemment. Le mouvement devrait se poursuivre, au moins au premier semestre de l’année 2023. La Banque centrale européenne a par ailleurs annoncé qu’elle amorcera la réduction de son bilan dès le mois de mars 2023, emboîtant le pas à ses homologues britannique et américaine. La Banque du Japon a surpris en assouplissant son contrôle de la courbe des taux, mais cette décision ne semble pas, pour l’heure, indiquer l’amorce d’une normalisation profonde de la politique monétaire. Les regards sont désormais rivés sur la Chine, qui a mis fin à sa politique « zéro-covid », laissant espérer une normalisation de l’activité dans le pays. Néanmoins, cette levée des restrictions entraine une vague épidémique de grande ampleur, qui pourrait freiner l’activité économique à court terme. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 2,8% sur le mois et atteint 1,0666 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a augmenté de 0,6% sur le mois, à 85,91$.

 

AmériqueAux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) a poursuivi son resserrement monétaire à un rythme plus modéré. Lors de sa réunion de décembre, la banque centrale a procédé à une hausse de 50 points de base (pb) de son taux directeur, portant la fourchette cible à [4,25% ; 4,50%], après quatre hausses consécutives de 75 pb. Le mouvement de resserrement devrait se poursuivre. Les prévisions individuelles des membres du Comité de politique monétaire (FOMC) indiquent en effet que le taux directeur pourrait être porté à [5,00 ; 5,25%] d’ici la fin d’année 2023, soit une augmentation de 50 pb par rapport à la trajectoire présentée en septembre dans le précédent jeu de prévisions. Dans le même temps, les tensions inflationnistes se sont modérées en novembre. L’indice des prix à la consommation a en effet enregistré une croissance annuelle de 7,1%, après 7,7% le mois précédent. L’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) a également fléchi, pour revenir à 6,0% contre 6,3% en octobre. Sur le marché du travail, la forte demande de main d’œuvre demeure, comme en témoignent la dynamique des créations de postes (+263 000 en novembre) et la croissance des salaires, qui ne montre pas de signe de ralentissement. Concernant l’activité, les données publiées sur le mois font part d’une modération de la production industrielle et de difficultés toujours accrues dans le secteur immobilier. La consommation a également marqué le pas en novembre, avec une baisse de 0,6% en valeur des ventes au détail, la plus forte baisse enregistrée en 2022. Les perspectives demeurent par ailleurs mal orientées, comme le montre la récente dégradation des indicateurs d’enquête.

 

EuropeAu Royaume-Uni, le ralentissement de l’activité se confirme. L’indicateur d’enquête PMI composite s’est inscrit en décembre en zone de contraction, pour le 5ème mois consécutif, tandis que l’inflation s’est maintenue à un niveau élevé, à 10,7% en novembre, pesant sur la consommation des ménages. Dans ce contexte, la Banque d’Angleterre (BoE) a relevé son taux directeur de 50 pb, le portant à 3,50%. L’institution a souligné que le marché du travail reste tendu et que les pressions inflationnistes sont de plus en plus alimentées par des facteurs domestiques, ce qui justifie la poursuite du durcissement de la politique monétaire.
En Zone euro, l’inflation a reculé pour la première fois depuis juin 2021, pour s’établir à 10,0% en novembre, après un pic historique à 10,6%. Cette accalmie sur les prix est néanmoins à nuancer, puisque le principal moteur de ce recul provient de la baisse des prix de l’énergie tandis que le reste du panier a maintenu une dynamique haussière. L’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) n’a pas fléchi et s’est stabilisée à 5,0%. Le maintien d’une inflation élevée conjugué à un marché du travail toujours tendu a conforté la Banque centrale européenne (BCE) dans la poursuite de son resserrement monétaire. La BCE a procédé à une hausse de 50 pb de ses taux directeurs lors de sa réunion de décembre et a annoncé que son portefeuille APP (« Asset Purchase Programme ») diminuera de 15 Mds€ par mois dès mars 2023 jusqu’à la fin du deuxième trimestre 2023. Le rythme de la réduction sera par la suite ajusté au fil du temps, notamment en fonction de son impact sur les marchés et sur la stabilité financière. Du côté politique, l’Union européenne s’est finalement accordée sur un certain nombre de mesures. Le financement du plan REPowerEU, qui vise à renforcer l’indépendance et la sécurité de l’approvisionnement énergétique, a été approuvé. Ainsi, 20 Mds€ seront distribués aux Etats-membres sous forme de subventions. Ce plan devrait être financé en partie par la mise aux enchères de quotas carbone, pour un montant de 8 Mds€, tandis que les 12 Mds€ restants seront prélevés dans le « Fonds pour l’innovation ». Les pays-membres pourront également mobiliser les 225 Mds€ de prêts non-utilisés du plan de relance européen. Par ailleurs, les ministres de l’énergie se sont accordés sur l’instauration d’un prix plafond du gaz naturel, fixé à 180€/MWh.

 

Asie OcéanieEn Chine, le gouvernement a mis fin à sa politique « zéro-covid », ce qui a conduit à une détérioration des conditions sanitaires. La progression des contaminations a pesé sur l’activité en novembre, entraînant notamment un fort recul de la consommation et, dans une moindre mesure, de la production industrielle. Le secteur immobilier poursuit sa détérioration, malgré le renforcement des soutiens gouvernementaux. Le pays a peu à peu supprimé l’ensemble des mesures liées à sa politique « zéro-covid » durant le mois de décembre, jusqu’à annoncer la réouverture de ses frontières, prévue début janvier 2023. Néanmoins, malgré la levée des restrictions, la flambée épidémique qui touche le pays devrait continuer d’entraver l’activité économique, au moins sur le court terme. Au Japon, la Banque du Japon (BoJ) a surpris avec une politique monétaire moins accommodante. Lors de sa réunion de décembre, la BoJ a assoupli sa politique de contrôle de la courbe des taux, en faisant passer la fourchette des taux sur les obligations souveraines à 10 ans de ±0,25% à ±0,5%. Le Comité de politique monétaire a souligné que la progression de l’indice des prix à la consommation n’est plus seulement tirée par les biens mais également par les services et que des signes favorables à une prochaine accélération des salaires pourraient se matérialiser. Ces éléments renforcent les anticipations d’un changement plus franc de la politique monétaire nippone après le départ du gouverneur Kuroda, en avril prochain.

 

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Rédigé par

Eloïse GIRAD-DESBOIS
Analyste économique

Le 2 janvier 2023