Environnement économique Février 2021
Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de février 2021 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
Nos perspectives économiques et financières
Le choc récessif lié à la crise sanitaire vient s’appliquer sur des fragilités majeures, pré-identifiées dans nos Perspectives Economiques et Financières : dettes des agents publics et privés, structures des revenus et inégalités, remise en cause de la mondialisation fondée sur le multilatéralisme et chocs politiques et géopolitiques. Les circuits classiques de sortie de crise pourraient s’avérer rapidement inopérants car les bases sont déjà malsaines. Dans ce contexte, nous tablons sur une dépression économique sévère qui devrait amplifier les fragilités observées suite à la crise financière de 2008.
La persistance de l’épidémie pèse sur la reprise mondiale et accroît les divergences entre pays et entre secteurs, alors que les campagnes de vaccination continuent également de progresser à un rythme inégal. Sur le plan politique, le mois de février a vu la nomination de Mario Draghi à la tête du gouvernement italien, tandis que le débat autour du plan de relance se poursuit aux Etats-Unis. Les perspectives d’une relance budgétaire massive aux Etats-Unis ont alimenté les craintes d’une accélération de l’inflation, entraînant une hausse des taux d’intérêt de long terme à la fin du mois de février. Sur le marché des changes, l’Euro n’a quasiment pas évolué (-0,12%) face au dollar à 1,212 dollar pour un euro. Le prix du pétrole Brent enregistre une hausse marquée de 18,3% et atteint 66,1 dollars le baril.
Aux Etats-Unis, la Chambre des Représentants a voté en faveur du plan de soutien à l’économie de 1900 Mds$ proposé mi-janvier par Joe Biden, qui doit désormais être validé par le Sénat. Le texte prévoit notamment une extension du versement des allocations chômage supplémentaires jusqu’en août 2021 et l’envoi de chèques aux ménages d’un montant de 1400$ par personne, ainsi qu’une hausse du salaire fédéral minimum à 15$, qui serait examinée séparément par le Sénat. Sur le plan politique, le second procès de Donald Trump s’est traduit par un acquittement, avec seuls 7 Républicains votant en faveur d’une condamnation de l’ancien Président. Du côté de l’emploi, les chiffres du mois de janvier font état de difficultés persistantes avec une création de seulement 49 000 postes, qui fait suite à une destruction de 227 000 emplois en décembre. À l’inverse, la production industrielle demeure bien orientée en janvier (+0,9% en variation mensuelle), tandis que les ventes au détail progressent (+5,3%), sous l’effet du soutien budgétaire. Les aides fédérales ont également poussé à la hausse la consommation des ménages au mois de février (+2% en variation mensuelle). Les indicateurs d’enquêtes s’établissent par ailleurs à un niveau élevé, tant dans le secteur manufacturier que dans les services, bien que la confiance des ménages demeure dégradée au mois de février. Sur le plan des prix, la croissance des prix à la consommation n’a que légèrement accéléré en janvier (+1,4% en glissement annuel après +1,3% en décembre), malgré une hausse marquée des prix de l’énergie. Dans ce contexte, la Fed a fait part de sa volonté de maintenir une politique monétaire fortement accommodante, insistant notamment sur la situation encore très dégradée du marché du travail. Les membres du FOMC estiment ainsi qu’il est encore bien trop tôt pour réduire l’ampleur du soutien monétaire, malgré des perspectives en amélioration. Enfin, Joe Biden a signé à la fin du mois un décret visant à sécuriser les filières d’approvisionnement américaines en matériaux critiques, qui intervient notamment dans le contexte d’une pénurie de semi-conducteurs entraînant des difficultés de production pour le secteur automobile.
En Zone euro, la crise politique italienne a pris fin avec la formation d’un gouvernement d’unité nationale dirigé par Mario Draghi soutenu par l’ensemble des principaux partis du parlement italien. Mario Draghi a mis l’accent sur l’élaboration d’un plan pour investir les fonds issus du plan de relance européen ainsi que sur l’accélération du déploiement de la campagne de vaccination. Sur le plan économique, l’activité continue d’être pénalisée par les mesures sanitaires mises en place en Europe en fin d’année 2020 du fait du rebond de l’épidémie, avec des divergences selon les pays en fonction du calendrier du durcissement des restrictions. Ainsi, en décembre, les ventes au détail enregistrent une hausse particulièrement marquée en France (+22,3%) avec la réouverture des commerces mais reculent en Allemagne (–9,6%). La situation de l’industrie manufacturière est également fortement hétérogène entre les pays de la zone euro, avec une nouvelle progression de la production industrielle en Allemagne (+0,9% en variation mensuelle) pour le huitième mois consécutif, tandis qu’elle recule de façon visible en France (-1,7%) et stagne en Italie et en Espagne (-0,2%). Les indicateurs d’enquête font état d’une persistance des divergences sectorielles liées à la situation sanitaire, avec une progression de l’indicateur PMI pour le secteur manufacturier (57,5 points en février), reflétant la reprise de la demande mondiale, tandis que le PMI pour les services se replie (44,7 points), pénalisé par les mesures de confinement. L’indicateur de confiance des consommateurs de la Commission européenne demeure quant à lui à un niveau fortement dégradé, malgré une légère hausse en février. Sur le plan du crédit, les chiffres du mois de janvier font état d’un léger fléchissement de la dynamique du crédit au secteur privé, tant pour les ménages que pour les entreprises. En matière de politique monétaire, dans un contexte de hausse du rendement des obligations, la BCE a mis l’accent sur l’importance de maintenir des conditions de financement favorables et de prêter attention aux taux d’intérêt réels, tout en rappelant que les perspectives d’inflation demeurent loin de la cible fixée, malgré un rebond des prix en début d’année lié à des facteurs temporaires. Enfin, au Royaume-Uni, l’économie progresse de +1,0% au quatrième trimestre en variation trimestrielle et poursuit la reprise entamée au troisième trimestre, en dépit de la mise en place de mesures de confinements strictes en novembre.
Au Japon, l’activité croît de +3% au quatrième trimestre en variation trimestrielle, confirmant la rapidité de la reprise de l’économie, portée par l’investissement des entreprises (+4,5%) et les exportations (+11,1%). La reprise de l’épidémie et l’instauration de l’état d’urgence risquent toutefois d’interrompre la dynamique de rebond de l’économie japonaise au premier trimestre, en pénalisant notamment la consommation privée. Le secteur manufacturier, soutenu par la demande extérieure, fait preuve d’une résistance notable à la dégradation de la situation sanitaire, avec une production manufacturière en hausse au mois de janvier (+4,2% en variation mensuelle) et des indicateurs d’enquête qui demeurent en progression, le PMI du secteur manufacturier s’établissant à 51,4 points en février. En Chine, les fêtes du Nouvel An lunaire du mois de février ont été marquées par le rebond de l’épidémie dans le nord du pays, avec des déplacements encore plus restreints que lors de l’année 2020, mais une forte hausse de la consommation des ménages (+29% pour les ventes au détail et la restauration par rapport à la semaine du Nouvel An lunaire de l’année 2020). Les enquêtes font part d’un léger fléchissement de la reprise lié aux restrictions sanitaires, avec un repli du PMI dans l’industrie comme dans les services au mois de janvier, malgré un maintien en territoire positif. Les prix à la consommation chinois demeurent par ailleurs en retrait en janvier (–0,3% en glissement annuel pour l’inflation sous-jacente, la première baisse depuis 2009), affectés par le recul du prix des services lié à la situation sanitaire.
Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China
Rédigé par
Léo BARINCOU
Analyste économique
Le 1er mars 2021
