Environnement économique - Avril 2024
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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois d'avril 2024 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.
Nos perspectives économiques et financières
La remise en question croissante de la gouvernance internationale actuelle se traduit par l’élargissement de groupements d’intérêt (BRICS+, OPEP+) aspirant à représenter une alternative au modèle occidental. Cette tendance contribue à alimenter de multiples tensions géopolitiques dont une des traductions est la persistance de pressions inflationnistes structurelles. Cet environnement représente un défi pour les entreprises qui sont déjà affectées par des conditions de financements moins favorables, des contraintes de chaînes de production et des distorsions de concurrence multiples. Alors que la fragilité de certains acteurs alerte sur un risque systémique, les marges de manœuvre des banques centrales apparaissent limitées par une inflation structurellement plus élevée.
Durant le mois d’avril, un changement de ton entre la Réserve Fédérale et la Banque centrale européenne s’est dessiné. Alors qu’aux Etats-Unis, la vigueur du marché de l’emploi et de l’inflation a mené la Réserve Fédérale à maintenir une approche prudente, la BCE a ouvert la porte à une baisse des taux dès le mois de juin. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de 0,86% sur le mois contre le dollar à 1,0718. Le prix du baril de Brent a augmenté de 0,43% par rapport au mois précédent, à 87,86$.
Aux Etats-Unis, la croissance se modère au premier trimestre. Le Produit Intérieur Brut est en hausse de 0,4% sur le trimestre, après une hausse de 0,8% au quatrième trimestre 2024. Ce ralentissement est lié à la dégradation du solde commercial (sous l’effet de la hausse marquée des importations) tandis que la demande interne demeure robuste. Du côté des prix, l’inflation ne faiblit pas. La hausse des prix sur le mois de mars a entraîné une augmentation de l’inflation annuelle de 3,2% à 3,5% tandis que l’inflation sous-jacente ne baisse plus et se stabilise à 3,8%. Cette tendance inflationniste persistante, combinée à un rapport d'emploi solide (+303 000 emplois créés en mars), devrait inciter la Réserve fédérale à maintenir une politique monétaire restrictive. Les membres du comité de politique monétaire ont exprimé leur prudence quant à un assouplissement monétaire, soulignant la nécessité d'observer de plus près l'évolution des données économiques avant toute décision. Sur le plan politique, la Chambre des Représentants a voté en faveur du déblocage d’aides à l’Ukraine, Israël et Taïwan, pour un montant de 95Mds$.
Au Royaume-Uni, l’activité est en hausse en avril. Après la contraction du PIB au quatrième trimestre 2023, l’enquête PMI du mois d’avril signale une nouvelle accélération de l’activité, au plus haut niveau depuis 11 mois. L’activité reste tirée par l’expansion dans les services, tandis que la conjoncture est plus morose dans l’industrie. Le ralentissement de l’inflation se poursuit, mais le dynamisme de la croissance des salaires pourrait continuer d’exercer une pression sur les prix dans les services. En zone euro, la Banque centrale européenne a laissé ses taux inchangés lors de sa réunion d’avril mais suggère qu’une baisse de taux pourrait intervenir en juin. Christine Lagarde a en effet indiqué que, sans révisions à la hausse des prévisions d’inflation et sans signes que la transmission de la politique monétaire diminue, il sera possible de baisser les taux en juin. On note un recul de l’inflation en mars à 2,4% en glissement annuel. Alors qu’une tendance baissière de la croissance des prix s’observe dans les secteurs de l’alimentation, de l’énergie et des biens industriels non-énergétiques, la hausse des prix est toujours prononcée dans les services. Concernant l’activité, les enquêtes ont été un peu mieux orientées en avril mais n’indiquent pas encore de reprise significative. Par ailleurs, malgré la dégradation des finances publiques de la France et les doutes exprimés sur la trajectoire de réduction du déficit présentée par le gouvernement, Fitch et Moody’s ont toutes les deux maintenu les notes de la dette souveraine de la France inchangées, à respectivement AA– et Aa2, avec perspectives stables.
En Chine, la croissance sur le premier trimestre de l’année 2024 est bien orientée. Néanmoins, les données mensuelles d’activité suggèrent que la hausse du PIB s’est concentrée sur les deux premiers mois de l’année, avant de ralentir en mars, tant du côté des ventes au détail que de la production industrielle. Par ailleurs, les surcapacités industrielles chinoises se confirment, le taux d’utilisation des capacités de production étant en baisse à 78,2% au premier trimestre 2024, avec un recul marqué dans le secteur automobile. La Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée en avril. Le communiqué indique que les banquiers centraux s’attendent à ce que l’inflation s’installe durablement à l’objectif assigné, entretenant les attentes de futurs relèvements des taux directeurs. Le gouverneur Ueda a indiqué que la BoJ n’avait pas d’objectif de taux de change, mais qu’elle prend en compte l’impact de leurs mouvements sur la formation des coûts et des prix au Japon. Les enquêtes PMI continuent de décrire une économie à deux vitesses, entre vigueur des services et faiblesse de l’industrie.
Sources des données : Datastream, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China
Rédigé par
Eloïse GIRARD-DESBOIS
Economiste
Le 3 mai 2024