Environnement économique - Décembre 2023
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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de décembre 2023 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.
Nos perspectives économiques et financières
Après le constat d’un multilatéralisme en panne, le libéralisme est fortement ébranlé. La multiplication des barrières commerciales, les contraintes à la localisation des investissements ou encore l’accès plus difficile aux ressources bouleversent le fonctionnement des entreprises. Ces dernières avaient l’habitude d’un monde ouvert, dans lequel elles avaient une totale latitude quant à leurs lieux de production et l’étendue de leur chaîne d’approvisionnement. Leurs conditions de financement, favorables depuis de nombreuses années, se sont aussi dégradées avec le changement d’orientation des politiques monétaires, obligées de réagir à une inflation structurellement plus élevée. Elles doivent revoir aujourd’hui leurs modèles. Parallèlement, les Etats, qui veulent accompagner la transition énergétique et réaffirmer leur souveraineté industrielle, se heurtent également à des contraintes de financement plus fortes.
Les banques centrales ont maintenu le statu quo des deux côtés de l’Atlantique en décembre. Néanmoins, la Réserve fédérale semble plus confiante dans la trajectoire d’inflation tandis que la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre se montrent plus prudentes. En Asie, la Banque du Japon a également laissé son taux inchangé, et demeure ainsi la seule banque centrale à maintenir son taux directeur en territoire négatif. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 1,09% sur le mois, à 1,1050 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a diminué de 6,99% par rapport au mois précédent, à 77,04$.
Aux États-Unis, la Réserve fédérale se montre plus confiante dans la trajectoire d’inflation. Lors de sa réunion de décembre, elle a maintenu son taux directeur inchangé dans la fourchette cible [5,25% ; 5,5%] mais les banquiers centraux semblent désormais prêts à se tourner vers la question de l’assouplissement à venir de la politique monétaire. La médiane des prévisions individuelles des membres du comité de politique monétaire signale en effet 75 points de base de baisse de taux en 2024, reflétant des prévisions d’inflation en recul. Néanmoins, bien que les progrès continuent à s’observer du côté des prix, avec une inflation qui fléchit légèrement à 3,1% en novembre, l’inflation sous-jacente s’est maintenue à 4,0% en raison d’une dynamique des prix dans les services qui peine toujours à s’infléchir. Sur le marché du travail, les créations de postes ont été solides en novembre, ce qui renvoie en partie à l’impact de la fin des grèves dans le secteur automobile et l’audiovisuel. Dans le même temps, le taux de chômage recule à 3,7% après trois mois de hausse tandis que la croissance des salaires se maintient à 4,0% en glissement annuel en novembre, un rythme toujours soutenu. Concernant l’activité, les données publiées sur le mois font état d’une consommation des ménages toujours résiliente, tandis que les signaux sont plus mitigés dans l’industrie.
En zone euro, la Banque centrale européenne a elle aussi maintenu ses taux directeurs inchangés lors de sa réunion de décembre mais a adopté un ton plus prudent que son homologue américaine. Elle a en effet réaffirmé sa volonté de maintenir ses taux élevés pendant une période suffisante pour s’assurer du retour durable de l’inflation à la cible. La BCE a également annoncé qu’elle réduira son portefeuille du PEPP (Pandemic Emergency Purchase programme) de 7,5Mds€ par mois en moyenne au deuxième semestre 2024. Du côté des prix, l’inflation a nettement reculé en novembre pour atteindre 2,4% en zone euro. Cette baisse s’explique en grande partie par le recul des prix de l’énergie (-11,5% sur un an), bien qu’une diminution des tensions inflationnistes s‘observe, dans une moindre mesure, du côté des biens non-énergétiques et des services. Concernant l’activité, la conjoncture reste dégradée comme en témoignent les enquêtes PMI de décembre mal orientées. Sur le plan politique, les ministres des Finances des pays de l’Union européenne se sont mis d’accord sur une réforme du Pacte de stabilité et de croissance. Les critères de 3% de déficit et 60% de dette publique sont conservés, mais différents mécanismes d’ajustement en cas de dépassement sont envisagés. En Allemagne, la coalition au pouvoir a trouvé un accord sur le budget 2024, à la suite d’un jugement de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui remet en cause son utilisation de fonds hors budget pour financer de nombreux projets.
En Chine, les données d’activité publiées sur le mois sont mitigées. La vigueur des données de production et de consommation de novembre reflète essentiellement des effets de base favorables en lien avec les restrictions sanitaires en place en novembre 2022. Dans ce contexte, les autorités ont annoncé un renforcement du soutien budgétaire en 2024, qui devrait être orienté vers les industries clés (telles que le numérique, l’intelligence artificielle, l’aérospatial et l’ordinateur quantique), les infrastructures et l’immobilier.
Au Japon, la Banque du Japon a maintenu son taux directeur inchangé. La banque centrale nippone reste la seule au monde avec un taux directeur négatif. Bien que la hausse des prix demeure relativement soutenue, à 3,8% en novembre, la dynamique des salaires semble encore insuffisante pour permettre à l’inflation de se maintenir durablement à la cible de 2%. Dans le même temps, les données d’activité, tout comme les résultats des enquêtes PMI, indiquent une perte de vitesse de l’économie japonaise.
Sources des données : Datastream, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Rédigé par
Eloïse GIRARD-DESBOIS
Economiste
Le 2 janvier 2024