"Le regard du gérant" - Un peu de sursis pour la dette française
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Le 14 mars dernier, l’agence de notation Fitch a confirmé la note de la France à AA-, toujours assortie d’une perspective « négative », donnant de ce fait un peu de sursis à la dette française.
Le 14 mars dernier, l’agence de notation Fitch a confirmé la note de la France à AA-, toujours assortie d’une perspective « négative », donnant de ce fait un peu de sursis à la dette française. Sur la période récente, c’est la première des 3 agences à avoir dégradé la note de la France à AA- en 2023. Elle a été suivie de S&P en mai 2024, et plus récemment de Moody’s en décembre 2024. L’agence Fitch avait pourtant ouvert la possibilité d’une nouvelle dégradation en octobre dernier lorsqu’elle était passée d’une perspective neutre à négative. Cette perspective est aujourd’hui justifiée essentiellement par les risques de dégradation du déficit budgétaire. Cependant, elle valide le maintien du AA- par les atouts du pays, notamment « une économie vaste et diversifiée » et « des institutions solides et efficaces ». Ces éléments contribuent à la stabilité macro-financière du pays, qui reste un acteur clé sur les marchés de capitaux, en particulier en tant que référence dans la zone euro à côté de l'Allemagne.
Les facteurs évoqués par l’agence Fitch qui pourraient conduire à une amélioration de la note seraient la mise en place d’un plan de stabilisation budgétaire crédible permettant de limiter la hausse de la dette ou alors, une amélioration de la croissance économique, augmentant les recettes fiscales et réduisant la pression sur la dette. A l’inverse, les facteurs pouvant entraîner une dégradation seraient l’absence de consolidation budgétaire crédible, maintenant la dette sur une trajectoire ascendante ou une croissance économique plus faible que prévue, réduisant la capacité de la France à stabiliser ses finances publiques. Les défis à venir pour la France sont nombreux. Selon les prévisions de déficit budgétaire du gouvernement, la dette publique française devrait dépasser les 120% du PIB d’ici 3 ans. Ce niveau de dette serait parmi les plus élevés de ses pairs de la catégorie des pays notés AA. En outre, les charges d’intérêt de la dette devraient atteindre 4,8% des revenus de l’Etat dès l’année prochaine contre une médiane de 3,4% pour les pays « AA ».
L’écart de rendement sur les taux de maturité 10 ans entre la France et l’Allemagne avait progressé significativement en juin 2024 à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, matérialisant l’accentuation du risque politique. Cet écart de rendement était passé de 50 pbs à plus de 80 pbs. Depuis le début de l’année, l’incertitude politique en France a diminué, notamment après l’approbation du budget 2025 et l’écart de rendement France-Allemagne se réduit progressivement à 67 pbs aujourd’hui. L’annonce récente de l’agence de notation Fitch a contribué à poursuivre la réduction de la pression sur cet indicateur de risque.
Pour rappel, la France avait perdu son « AAA » entre 2012 et 2013 et ne cesse depuis d’être régulièrement dégradée par les 3 agences de notation. L’agence Moody’s est la dernière à assortir sa note d’une perspective stable. Il ne fait aucun doute que la France devra prouver sa capacité à contrôler et réduire son déficit si elle veut stopper l’érosion de sa qualité de crédit. La tâche paraît particulièrement complexe, même si d’autres pays ont réussi à inverser la tendance à l’image de la Grèce dont Moody’s vient d’améliorer la notation pour faire revenir le pays dans la catégorie « investissement » … au prix toutefois d’un ajustement économique long et douloureux.
Rédigé par

Xavier BOUSCHARAIN
Gérant Mandats Taux