"OnDécrypte l'Hebdo" - Le mois d'après

Perspectives Économiques et Financières

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Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 5 mai 2025

Un mois après « le jour de la libération » et l’annonce par le gouvernement américain de la mise en place des droits de douane réciproques vis-à-vis de l’ensemble de ses partenaires commerciaux, nous nous arrêtons cette semaine sur les premières conséquences concrètes que nous pouvons percevoir au niveau de la communication des entreprises européennes. Les évolutions des modèles des entreprises et la recherche de celles qui sont en mesure de s’adapter à un monde de moins en moins coopératif sont au cœur de la stratégie d’investissement que nous déclinons dans le cadre de nos Perspectives Économiques et Financières. Nous nous attachons à confronter en permanence les données macroéconomiques et les messages envoyés sur le plan microéconomique par les entreprises afin d’en tirer les enseignements les plus pertinents. Une démarche d’autant plus validée par le manque de visibilité qui caractérise la période actuelle. Et il est très probable que les gagnants d’hier ne soient pas ceux de demain. 

Sur le sujet spécifique des droits de douane, nous n’observons pas une communication homogène au cœur de la saison de publications des résultats du premier trimestre des entreprises européennes. Les sociétés choisissent différents niveaux d’évaluation des impacts et insistent davantage sur les moyens dont elles disposent pour y faire face. Certaines entreprises ont déjà choisi d’abandonner leurs objectifs de l’année mais elles restent finalement assez rares à ce stade. Un phénomène que l’on peut surement attribuer à la fenêtre de 90 jours ouverte pour les négociations par l’administration américaine (hors Chine) dans les jours qui ont suivi. Les entreprises du secteur de la logistique comme DHL indiquent que leurs clients mettent en place des stratégies différentes pour se préparer qu’ils soient des acteurs du commerce en ligne, du secteur automobile ou des produits électroniques. Quand leur positionnement le permet, les sociétés augmentent leurs prix de vente pour répercuter tout ou partie de la hausse induite de leurs coûts. C’est le cas par exemple de Ferrari qui table sur une hausse de 10% des prix de vente de ses nouveaux modèles. Un point qui rappelle les conséquences en termes de niveaux d’inflation de la guerre commerciale. D’autres travaillent sur des mesures de plus court terme comme l’accélération des livraisons pendant cette période de 90 jours afin de constituer des stocks de précaution ou réfléchissent à l’utilisation des zones de libre-échange et d’entrepôts douaniers. Ce faisant, elles mènent en parallèle des analyses approfondies sur les actions à mener dans une optique de gestion et de contrôle de leur chaîne d’approvisionnement à moyen terme. Enfin, l’ajustement des lieux de production est une réponse de plus long terme et suppose des investissements conséquents à l’image des annonces des deux laboratoires pharmaceutiques suisses, Roche et Novartis, qui ont choisi de déployer chacun plusieurs dizaines de milliards de dollars aux États-Unis en ce sens. Après avoir été mises sous pression par les perturbations générées par les restrictions de mobilité liées à la pandémie et par les conséquences du conflit ukrainien, c’est une nouvelle accentuation de la pression sur les chaînes d’approvisionnement à laquelle sont confrontées les entreprises. 

Les flux logistiques doivent donc être repensés en fonction de ce nouveau paramètre et les solutions de contournement qui avaient pu être trouvées jusqu’à présent sont donc remises en question. La saison de publications de résultats du deuxième trimestre des entreprises débutera quelques jours après la fin du délai de 90 jours, elle devrait être riche en enseignements et nous permettre de continuer d’affiner la définition du modèle d’entreprise capable de faire face à un environnement de plus en plus complexe.

Rédigé par

Julien CHEVALIER
Responsable du pôle Gestion Actions Europe

Sommaire

Analyse de l’évolution des marchés :
  • Obligataire par Lucas COUVERT
  • Actions Europe par Alexandra LE DOEUFF
  • Actions Internationales par Valentine DRUAIS
  • Le regard de l'analyste par Victor LABATE
Analyse Suivi Macroéconomique :
  • États-Unis par Sébastien BERTHELOT
  • Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Jean-Louis MOURIER
  • Asie par Louis MARTIN

 

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