"OnDécrypte l'Hebdo" - Le multirégionalisme illustré
Temps de lecture : 13 min
Découvrez et téléchargez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 2 décembre 2024
La semaine passée est une illustration de la complexification des relations géopolitques et géo-économiques que nous décrivons depuis plusieurs trimestres. Le monde se recompose progressivement autour d’intérêts particuliers et d’alliances régionales; ce que nous avons nommé le multirégionalisme.
Si la semaine précédente avait surtout été marquée par l’escalade du conflit entre la Russie et l’Ukraine, suite notamment aux propos du président J. Biden, celle que nous venons de vivre a été le théâtre d’un accord de cessez-le-feu conclus entre Israël et le Hezbollah, et fondé sur un projet américain. L’évolution du pétrole témoigne de ces soubresauts. Par ailleurs, toujours au Proche-Orient, nous apprenions ce week-end que le pouvoir syrien avait perdu le contrôle de la deuxième ville du pays, Alep. Un renversement des autorités du pays serait un nouveau revers pour l’Iran, et accentuerait sa perte d’influence dans la région, y compris au Liban. Il lui serait alors impossible de pouvoir fournir du matériel au Hezbollah. Ce serait également un coup porté à la Russie … au profit de la Turquie semble-t-il. Ce même pays, qui est candidat déclaré depuis cet autonome à l’entrée dans les BRICS+, organisation à laquelle appartiennent Russie et Iran !
Surprenant ? pas vraiment, si on se réfère aux conclusions de nos Perspectives Économiques et Financières de mars dernier. Les membres de cette organisation se retrouvent autour de leur volonté de ne pas être suiveurs des pays occidentaux mais cette ambition peut se heurter à des divergences de position, à l’aune de leurs intérêts propres.
Des Brics+, il en a été aussi question ce week-end, par la voix d’une communication du président américain nouvellement élu, M. Trump. Il a exprimé sa volonté de porter les droits de douane payés par les pays de ce groupe à 100% si ceux-ci continuaient à promouvoir des alternatives qui menaceraient le dollar. Or, comme nous le décrivions en début d’année, cette organisation a été créée à la suite des conséquences, pour ces pays, de la crise financière née aux États-Unis en 2008. Ses membres ont donc l’ambition de représenter un ordre mondial alternatif, tant dans la gouvernance que dans le système financier international. La saisie des réserves en devises en 2022 a probablement renforcé cette volonté. Si la Chine ne semble pas vouloir faire du Yuan une monnaie de réserve concurrente, l’ambition de ces pays est donc bien de s’affranchir du dollar. Ils souhaitent notamment développer leurs propres systèmes de paiement. Mais à ce stade, l’affaiblissement du dollar dans les échanges reste peu perceptible, à l’inverse de l’Euro.
Cette évolution du monde est essentielle à comprendre et à décrypter pour pouvoir évaluer nos investissements, quelles que soient les classes d’actifs, et pouvoir saisir les opportunités qui émergent.
Rédigé par
Jacques-André NADAL
Directeur adjoint des gestions
Sommaire
Analyse de l’évolution des marchés :
- Obligataire par Matthieu OHANA
- Actions Europe par Samir RAMDANE
- Actions Internationales par Margaux LOUIS
- Le regard de l'Analyste par Henry MILLER
Analyse Suivi Macroéconomique :
- États-Unis par Sébastien BERTHELOT
- Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Jean-Louis MOURIER
- Asie par Louis MARTIN