Suivi des marchés de la semaine
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La course aux vaccins, symptôme des nouveaux rapports de force
Le 11 août, la Russie annonçait avoir développé un vaccin contre la Covid-19. En juin, la Chine l’avait déjà affirmé. Le monde entier s’est lancé dans cette course ; chaque puissance économique veut son vaccin, et vite. Les pays développés ont privilégié les partenariats avec leurs laboratoires et s’assurent de leur approvisionnement futur en réservant des doses par millions. Selon l’OMS, 149 recherches de vaccin sont menées à travers le monde dont la moitié en Chine.
Pourquoi cette course planétaire, qui s’apparente plus à un sprint qu’au marathon qu’est habituellement la recherche médicale ? D’abord, évidemment, pour protéger au plus tôt les populations de ce virus. Mais il y a d’autres ressorts, plus profonds.
Cette pandémie a mis en lumière les limites des systèmes de santé de nombreux pays, notamment développés. Les chaines de production de médicaments ont été globalisées au cours des deux dernières décennies, à mesure que les grands laboratoires cherchaient notamment à réduire les coûts. Elles sont devenues aussi plus fragiles, car plus complexes, plus concentrées géographiquement à certains stades, et donc sensibles à des chocs, tels que ce virus, qui affecteraient précisément ces zones. 80% des principes actifs seraient ainsi produits en Chine et en Inde. Désormais, c’est un enjeu de souveraineté pour les Etats de ne plus dépendre autant de tiers pour soigner leur population, de ne plus être à court de traitements en cas de crise.
Cette quête traduit aussi un enjeu économique. La Chine ne vise pas seulement la production de principes actifs, d’excipients, elle a surtout pour ambition de devenir un acteur majeur de la Recherche et Développement. L’annonce fin 2019 par l’agence américaine du médicament (FDA) de l’homologation d’un premier traitement anti-cancéreux chinois a fait grand bruit. L’oncologie, segment très innovant, était jusqu’alors la chasse gardée des laboratoires développés. Preuve que le développement d’une filière biotechnologique chinoise est en cours. Demain, la Chine pourrait conserver les matières premières pour ses traitements. Alors, plus que la rupture momentanée de l’approvisionnement, cette concurrence nouvelle et le risque de pénurie devraient inciter les Etats-Unis et l’Europe à rapatrier ces productions. D’autant que pour certains pays, le secteur de la santé fait partie de la réponse économique envisagée à cette crise : relocaliser les chaines de production, investir dans la R&D doit permettre également de participer à la ré-industrialisation et créer un cercle plus vertueux pour l’économie.
Souveraineté, puissance économique, relance, cette course au vaccin symbolise l’importance (re)prise par le secteur de la Santé qui devient un nouveau terrain d’affrontement des états engagés dans la dé-mondialisation. En revanche, et même si les investisseurs accueilleront positivement leur découverte, ces vaccins ne guériront pas tous les maux de l’économie mondiale nés de déséquilibres creusés par le « monde d’avant », et qui eux resteront à traiter.
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